« Occupy Central » : la menace pacifiste des pro-démocrates hongkongais

19 Janvier 2014



La Chine a promis à Hong Kong d’instaurer le suffrage universel direct dans le processus électoral. Mais de nombreux démocrates locaux doutent de la parole de Pékin comme Chan Kin-Man et Benny Tai Yiu-ting qui font campagne pour former un mouvement de « désobéissance civile » : Occupy Central.


Bien que la Chine ait promis d’instaurer le suffrage universel direct pour l‘élection du chef de l’exécutif en 2017 et celle du Parlement en 2020, le professeur de sociologie Chan Kin-Man a rapidement réalisé que le gouvernement de Pékin n’accepterait que difficilement l’apparition d’une véritable démocratie à Hong Kong, sur le sol chinois, du moins, non sans lutte. Il décide alors, avec un autre universitaire, Benny Tai Yiu-ting, et un pasteur baptiste, Chu Yiu-ming, de faire pression sur le gouvernement chinois. Le 16 janvier 2013, Benny Tai Yiu-ting propose dans un article publié dans Hong Kong Economic Journal de former un mouvement de « désobéissance civile » si la proposition du gouvernement d’instaurer le suffrage universel se relève être qu’un subterfuge pour garantir une « fausse » démocratie.

« Occupy central with Love and Peace »

La campagne pacifiste, connue sous le nom d’Occupy central, consiste en l’organisation d’un sit-in pour la démocratie dans le centre d’affaires et financier de Hong Kong, prévu pour juillet 2014. Le 27 mars 2013, les organisateurs d’ « Occupy Central » ont officiellement annoncé lors d’une conférence de presse le lancement de la promotion de la future manifestation en cas de non respect des promesses du gouvernement central. Ce mouvement de « désobéissance » est calqué sur les actions non-violentes du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King Jr.

Considérés comme des « ennemis de l’Etat » susceptibles de provoquer le « chaos », les initiateurs de ce projet d’occupation mènent un combat bruyant sur l’avenir du suffrage universel et réclament des réformes démocratiques. Ils ont d’ailleurs alarmé l’élite financière de Hong Kong. Des troubles dans le quartier auraient un impact désastreux sur les activités économiques et financières de la ville. Benny Tai Yiu-ting prédisait à l’époque le soutien de 10 000 citoyens pour se joindre au mouvement d’occupation. 10 000 personnes pour bloquer le temps nécessaire les rues du quartier des affaires dès juillet si Pékin refuse la mise en place d’un processus de candidature libre pour les élections.

Pour la marche traditionnelle du Nouvel An, c’était pourtant selon les organisateurs 50 000 personnes qui marchaient pour la démocratie, un mois après le lancement d'une consultation publique sur le futur système électoral de Hong Kong.

Une marche pour la démocratie

Au lendemain du réveillon de fin d’année, des milliers de hongkongais, partis du parc Victoria pour arriver au quartier financier, ont participé à une marche pour la démocratie pour faire pression sur le gouvernement chinois. Le but est toujours le même : obtenir de Pékin l’instauration du suffrage universel pour l’élection du chef de l’exécutif hongkongais.

L’ancienne colonie britannique, revenue à la Chine en 1997 avec un statut d’autonomie, réclame le droit de nommer ses propres candidats. « Aucun des dirigeants que nous avons eus n’était bon parce qu’ils étaient nommés par Pékin. Si nous choisissons nous-mêmes, ce serait mieux », indique Peter Tsui, présent lors de la manifestation.

« Un pays, deux systèmes »

Hong Kong bénéficie du statut de région administrative spéciale (RAS). Sous le modèle « un pays, deux systèmes », Pékin promet alors de lui accorder « un degré élevé d’autonomie ». Mais, dans ce système qui n’est plus acceptable pour les investigateurs d’ « Occupy Central », le chef de l’exécutif est élu par un comité de 1 200 membres, en majorité des pro-pékin. Celui qui occupe ce poste actuellement, Leung Chun-ying, aurait effectivement été choisi par Pékin.

Et aujourd’hui, les hongkongais l’accusent de faire passer les intérêts du gouvernement chinois avant les leurs. Récemment, les autorités chinoises ont encore suggéré que seule une personne pro-Pékin, et donc loyal au Parti communiste, pouvait conduire Hong Kong.

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